jeudi 31 décembre 2015

"L'ennemi numéro un de Poutine" : Nota Bene

J'ai reçu un certain nombre de messages de lecteurs étonnés par ce titre.
A eux et à ceux qui n'ont pas encore réagit, je dirai : ne perdez pas de vue que ce titre vous est proposé entre "guillemets".
Joyeuses fêtes de fin d'année à tous. La suite l'année prochaine.
Virgile

mardi 29 décembre 2015

« L’ennemi numéro un de Poutine », 2ième partie


Dans la première partie de cette série j’ai présenté les activités de Mikhaïl Khodorkovski jusqu’en décembre 1988, date de création de la banque MENATEP. Avant d’aller plus loin et de parler de la création de cette banque et de ses activités, je voudrais revenir sur la situation de la Russie, juste après la chute de l’Union Soviétique.
La chute de l’URSS, en décembre 1991, est le résultat d’un processus qui plonge beaucoup plus loin dans l’histoire de l’Union Soviétique. On la résume souvent à un acte unique, mais en réalité c’est la conséquence des nombreux dysfonctionnements du système communiste et des réformes initiées par Mikhaïl Gorbachev, pour corriger ces dysfonctionnements. Certains historiens russes ont d’ailleurs accordé la paternité de ces réformes à Youri Andropov, ancien chef du KGB et éphémère premier secrétaire du parti communiste, avant Gorbatchev. Leur raisonnement est que seul le directeur du KGB avait une vision de l'état réel du pays, alors que les vérités désagréables étaient cachées aux dirigeants politiques. Andropov était donc l'un des rares à avoir pu se rendre compte que l'économie du pays était au bord de l'implosion et qu'il était urgent de faire quelque chose.
Quoi qu’il en soit, c’est bien Mikhaïl Gorbachev qui a lancé les réformes. Mais comme ces réformes arrivaient beaucoup trop tard, la réaction du pays a dépassé ce qui était imaginé par ses dirigeants et le mouvement à complètement échappé à son initiateur. Mikhaïl Gorbatchev n’avait absolument pas l’intention de provoquer la fin de l’URSS, son objectif était plutôt de desserrer l’étau d’hypocrisie qui enserrait l’Union Soviétique et de relancer l’économie.
La disparition du système soviétique et le plongeon non préparé du pays dans l’économie de marché sont à l’origine, pour la jeune Fédération de Russie, d’une période trouble de décadence économique, politique et sociale qui a duré huit ans environ, et a laissé des traces durables. Nous remarquerons au passage qu’une très grande partie de ce qui est reproché par l’occident à Vladimir Poutine n’est que le produit de cette période dans laquelle il n’a aucune responsabilité et dont les effets n’ont pas encore totalement disparu, malgré les efforts déployés.
Nous ne nous intéresserons, pour ce qui concerne les œuvres de Mikhaïl Khodorkovski, qu’aux privatisations des entreprises et à l’ambiance dans laquelle elles ont eu lieu.
Le grand organisateur de cette dénationalisation, en sa qualité de président du Comité d'Etat chargé de la gestion des biens publics, a été Anatoly Tchoubaïs. L’objectif de l’opération était de distribuer aux citoyens de la nouvelle Russie l’ensemble des biens qui appartenaient auparavant à l’Etat. Il s’agissait on s’en doute d’un énorme chantier qu’Anatoly Tchoubaïs a organisé avec l’aide de conseillers étrangers envoyés principalement par les Etats Unis (Université de Chicago et Harvard) et l’Europe (programme TACIS).
Le pays et ses habitants sont passés en un très court laps de temps (quelques mois) d’une économie étatisée à une économie privatisée sans savoir ce que la nouvelle situation représentait. On commencé à jouer à un nouveau jeu dont on n'avait pas les règles. Comment alors punir les tricheurs ? Et d’ailleurs qu’est-ce que c’est que tricher quand il n’y a pas de règles du jeu ?
En effet, le pays continuait à vivre sous les lois soviétiques. Ces lois pouvaient éventuellement être « adaptées » à la situation nouvelle dans la plupart des domaines, mais dans le domaine économique et commercial les lois anciennes ne pouvaient servir à réguler le nouveau système. La nouvelle économie s’est donc installée sans aucune régulation, la loi applicable étant alors la loi du plus fort. Que faire quand on ne peut assigner un concurrent devant un tribunal ? Qui lui envoyer quand on ne peut pas lui envoyer un huissier ou un avocat ? Comment régler les différents concernant la propriété des entreprises ? Comment condamner les escrocs quand la loi ne définit même pas l’escroquerie ? Les années 90, après la chute de l’Urss ont été marquées par une violence qui est allée de nombreuses fois jusqu’au meurtre d’un concurrent, d’un adversaire ou d’un fonctionnaire trop zélé. Le meurtre a été, pour certains, un outil parmi d’autres de gestion des entreprises dont ils avaient pris le contrôle ou d’organisation d’opérations de « fusions et acquisitions ». N’oublions pas que dans de nombreux cas, les sommes en jeu étaient énormes, se comptant en milliards de dollars.
Les experts étrangers qui conseillaient le gouvernement ont su également ne pas se montrer trop pointilleux sur les méthodes employées. Il m’a été donné de d’interviewer l’un d’eux dans ces années là. Lorsque je lui ai fait remarquer comment se passait la privatisation, il a eu cette réaction : « Evidemment nous préfèrerions que la privatisation se fasse de manière plus civilisée, que les nouveaux dirigeants se comportent autrement, qu’ils soient des gestionnaires, que de véritables escrocs ne prennent pas le contrôle d’entreprises importantes, comme c’est parfois le cas. Mais notre objectif premier est que la privatisation se fasse le plus rapidement possible. Nous voulons atteindre le plus vite possible une sorte de "point de non-retour" au delà duquel il n'y aura plus de possibilité de revenir au système communiste. Ce point sera atteint quand le groupe des nouveaux dirigeants aura atteint une masse critique qui puisse lui permettre de résister victorieusement à des tentatives politiques de renationalisation ultérieures de l’économie. Nous n’avons peut-être pas beaucoup de temps pour y arriver. » Je n’insisterai pas sur ceux de ces conseillers étrangers qui ont tiré un profit personnel dans l’opération.
Voilà brossé rapidement l’arrière plan de l’histoire qui nous intéresse ici. Revenons donc à la création de la banque MENATEP.
Dans les conditions décrites plus haut, le système bancaire russe a commencé à se développer de façon sauvage et sans réel contrôle de l'Etat. Cela a donné lieu à toutes sortes d'excès à commencer par le nombre d'établissements créés. Avant la crise de 1998, il y avait, en Russie, un peu plus de 2.200 banques.
Il s'agissait souvent de « banques de poche » créées par des personnes physiques ou morales pour abriter une certain nombre d'activités légales et non légales, en particulier les transferts illégaux vers l'étranger, le blanchiment et la fraude fiscale. Dans les années 92-96 les transferts illégaux se comptaient chaque année en centaines de milliards de dollars. Bien que portant sur des montants moins élevés, ces transferts se sont poursuivis après 2000. Des établissement étrangers importants ont été mêlés à ces opérations illégales, comme la Bank of New York[1] poursuivie par le Service Fédéral des Douanes Russes depuis 2004. Un vice président de la banque à New York a admis les faits mais la banque rejette toute responsabilité.
La banque MENATEP
Certaines des banques créées à la fin des années 80 ou au début des années 90 ont pris une part active à la privatisation de l'économie, vaste partage entre initiés de la richesse nationale. C'est le cas, de la banque Menatep.
Nous avons vu dans la première partie pourquoi Mikhaïl Khodorkovski a trouvé utile de créer sa propre banque. Il l’a enregistrée le 29 décembre 1988 et elle a reçu début 1989, de la banque d'Etat la licence numéro 41. Il ne vous aura pas échappé donc que cette banque privée a été créée en contravention avec les lois du pays qui interdisait la propriété privée des moyens de production et des banques. Mikhaïl Gorbachev avait bien lancé sa « perestroïka », qui autorisait la création de sociétés privées sous certaines conditions, mais la liste des activités autorisées pour ces nouvelles sociétés privées ne comprenait pas les activités bancaires.
Une nouvelle preuve de la puissance des appuis dont bénéficiait Mikhaïl Khodorkovski et de ses contacts particuliers auprès de la banque d'Etat qui lui venaient de son passage au Komsomol et des relations que cela impliquait au sein du parti communiste encore tout puissant à l'époque. Il est évident que ces appuis n’étaient pas gratuits et les personnes concernées étaient des actionnaires cachés dans les affaires de leur protégé.
C’est certainement cela qui a attiré l’attention d’intérêts étrangers sur la personne de ce nouvel entrepreneur. S’en faire un allié équivalait à bénéficier de la protection des parrains de l’homme. On ne connaissait pas l’identité de ces parrains mais ils avaient fait la preuve de leur puissance depuis plusieurs années.
Le nom choisi pour la banque, « Menatep », est formé des initiales d'une expression russe signifiant à peu près « Nouvelle Banque Commerciale pour le Progrès Scientifique et Technologique ». Dans un premier temps, la banque a permis à son fondateur de financer ses opérations d’importation de biens de consommation. Il a ensuite fait racheter sa société d'importation par la banque.
Mais assez rapidement et grâce aux nombreux contacts de Mikhaïl Khodorkovski aux niveaux les plus élevés du gouvernement et de l’administration, la banque est devenu un intermédiaire officiel du gouvernement pour le financement des sociétés publiques. Elle tirait ainsi avantage de l'inorganisation du système bancaire, pour faire travailler à son profit des sommes énormes qu'elle gardait sur ses comptes, pendant plusieurs jours, entre le moment où elle les recevait de l’état et celui où elle les transmettait à leur destinataire. Et de même au retour.
Mikhaïl Khodorkovski a rapidement amélioré le rendement de cette opérations en changeant les roubles déposés sur les comptes de la banque en dollars de façon à encaisser non seulement des intérêts sur ces sommes, mais en plus des profits de change, le rouble étant, comme nous l’avons déjà vu, dans une tendance baissière solidement établie. Ces opérations nécessitaient des contacts avec des banques étrangère, en particulier américaines qui devaient héberger les comptes de correspondant de « Menatep ». Or, à cette époque, étant donné la réputation de la Russie et de ses hommes d’affaire aux Etats-Unis, on se demande comment Mikhaïl Khodorkovski a pu faire pour obtenir si facilement l’ouverture de ces comptes de correspondants pour « Menatep ». Quels genres de gages a-t-il dû donner ?
En attendant, sa fortune grandissait, de même que ses relations aux plus hauts niveaux de l'administration. C'est ainsi qu'il se trouva au premier rang pour profiter de la privatisation de l'économie pilotée à partir de 1993 par Anatoly Tchoubaïs.
La première phase de la privatisation, s'est faite par la distribution à la population de « bons de privatisation » d'une valeur nominale de 10.000 roubles (ce qui était une somme très importante à l'époque). « Menatep » a réussi grâce à un réseau efficace d'intermédiaires à racheter une très grande quantité de ces bons dans des conditions financières particulièrement favorables. Cela lui a permis d'investir à bon marché dans divers secteurs industriels comme celui des matières plastiques, des produits chimiques, du textile ou de la métallurgie. Grâce à cela, en 1995, Mikhail Khodorkovsky était déjà un des plus riches entrepreneurs de Russie.
Mais la vraie fortune devait venir ensuite. Dans la deuxième phase de privatisation, celle dans laquelle les entreprises étaient vendues aux enchères, l'Etat a fait appel à divers intermédiaires pour mener les opérations. C'est ainsi que la banque « Menatep » a été chargée de la privatisation de « Yukos » qui était à ce moment la deuxième société pétrolière de Russie et la quatrième du monde. Les directeurs de sociétés pétrolières avaient la réputation de former une caste à part, très fermée, mais malgré cela, malgré le fait que de nombreuses sociétés aient fait des offres pour « Yukos », la société a été rachetée par une entité contrôlée par Mikhail Khodorkovsky, alors que la vente s’est faite sous la responsabilité de la banque qui appartenait au même Khodorkovski. Les médias russes ont fait état, à l’époque, d'offres largement supérieures qui ont été écartées pour des raisons purement administratives. Des journalistes se sont élevés contre le procédé et contre les résultats de la vente, ce sont eux qui ont découvert que l’obscure société dont ils n’avaient encore jamais entendu parler, et qui venait de gagner les enchères, appartenait bien à Mikhaïl Khodorkovski, mais rien n’y a fait, évidemment. Mikhaïl Khodorkovski et ses « associés cachés » ont ainsi pu, à la fin de l’année 1995, mettre la main sur ce fleuron de l’industrie pétrolière russe pour la somme ridiculement basse de 309 Millions de dollars.
« Menatep » ne représentait plus alors l’essentiel de la fortune de Mikhaïl Khodorkovski et de ses associés quand la banque a été sérieusement « secouée » par la crise de 1998. La maison mère à Moscou n'a pas survécu à la dévaluation du rouble et au défaut de paiement de l'état et une partie des actifs a été transférée à « Menatep Saint-Pétersbourg » elle même sauvée de la faillite par diverses manipulations de Mikhail Khodorkovsky.
Nous verrons dans la troisième partie ce qu’a été le développement de Yukos et comment l’opération a servi des intérêts étrangers à la Russie.
(à suivre)




[1] Nous verrons plus loin comment le nom de Mikhaïl Khodorkovski a été lié à celui de la « Bank of New York » en 1998.

dimanche 27 décembre 2015

"L'ennemi numéro un de Poutine"


La justice russe a récemment lancé un mandat d’arrêt international contre Mikhaïl Khodorkovski pour complicité d’assassinat. Les médias occidentaux ont ressorti leurs arguments habituels à propos d’un prétendu acharnement contre « l’ex homme le plus riche de Russie » qualifié selon les cas de « ex magnat du pétrole et critique du Kremlin[1] », de « ancien oligarque russe, devenu ennemi numéro un de Poutine[2] », de « moine combattant[3] » ou « l’opposant en exil[4] » pour ne citer que quelques exemples. De son côté, Mikhaïl Khodorkovski clame depuis le début de ses ennuis judicaires en 2003 qu’il s’agit de procès politiques, ce qui, d’une part, est « de bonne guerre », et d’autre part, n’est pas tout à fait faux. Il faut seulement savoir de quoi on parle, et surtout de quelle politique il s’agit.
La condamnation de Mikhaïl Khodorkovski a soulevé, il y a douze ans, un tollé général, bien organisé, en Occident, alors que les Russes de leur côté n’y voyaient rien d’autre qu’une décision de justice logique, la place des voleurs étant naturellement en prison.
Au moment où nous allons être soumis de nouveau à l’habituelle propagande russophobe, je vous propose de nous intéresser à Mikhaïl Khodorkovski et de tenter de savoir qui il est véritablement, qui il sert, qui le soutien et pourquoi il est un des rares oligarques à avoir fait de la prison alors que la plupart de ses « collègues » se sont rendus coupables des mêmes malversations. Pour cela, je présenterai trois périodes de sa vie, la jeunesse et les premières affaires, les privatisations et enfin la présidence de la société pétrolière Youkos.
A sa libération, gracié par Vladimir Poutine, Mikhaïl Khodorkovski s’est installé en Suisse où il a obtenu facilement un permis de séjour. Peu de temps après, alors qu’il avait commencé par annoncer qu’il n’aurait pas d’activité politique, l’oligarque expliquait qu’il n’excluait pas de devenir un jour président de la Fédération de Russie, explication transformée rapidement dans les médias occidentaux en « Khodorkovdki brigue la présidence... ».
Si l’homme est aussi intelligent que l’on veut bien le dire, et je crois qu’il l’est, il sait très bien qu’il n’a aucune chance de réussir quoi que ce soit en politique en Russie. Il pourra toujours dire que c’est la faute de Vladimir Poutine qui le craint tellement qu’il ne veut pas le laisser revenir. En réalité, ce n’est pas le président qui ne veut pas de lui, c’est le pays tout entier. Un autre que M. Khodorkovski, et qui avait une réputation moins sulfureuse, a cru que sa fortune et son sens des affaires lui permettrait de se mêler de politique. Il s’est présenté aux élections présidentielles de 2012 et, après avoir dépensé près de cent millions de dollars, a été crédité de 7 pour cent des voix. Il s’est depuis retiré de la politique.
La population russe ne veut plus des oligarques qu’elle considère comme des voleurs. Il faut dire que ces derniers se sont enrichis à une vitesse incroyable en participant à la distribution entre initiés de la richesse nationale que l’on a appelé « privatisation de l’économie ». Mikhaïl Khodorkovski est de ceux-là.
Il est même l’un de ceux qui ont le mieux réussi car il a pris le départ très tôt, bien avant les autres. Il était millionnaire avant la fin de l’Union Soviétique en décembre 1991. Il doit cette fortune à sa position au cœur du système soviétique. En 1986 il décroche un diplôme d’ingénieur chimiste, mais il occupe déjà un poste important dans le Komsomol de Moscou. Il s’agit de l’organisation de la jeunesse communiste d’Urss. Il est également membre du parti communiste. A cette époque, les relations dans la hiérarchie du parti, au Komsomol ou au KGB étaient des atouts bien plus sûrs qu’une quelconque mise de fonds initiale. La protection de personnes haut placées servait de capital. Mikhaïl Khodorkovski a visiblement ce trait de personnalité de certains jeunes qui fait qu’ils attirent la sympathie des personnes plus âgées qu’eux, occupant des positions de responsabilité, et les rendent désireuses de les aider. De les aider tout en se servant d’eux, évidemment. De plus, c’est un membre du sérail, ce qui renforce la confiance qu’il inspire au premier abord.
En 1985, après être devenu le plus jeune secrétaire général du parti, Mikhaïl Gorbachev lançait ses réformes, la « glaznost » et la « perestroïka ». La première était une réforme politique qui, pratiquement, supprimait la censure. La seconde permettait la création de petites sociétés privées, des coopératives, dans des domaines divers comme les cafés, restaurants, boulangeries, sociétés de construction etc. Ces créations étaient bien entendu sujettes à autorisation. Les premiers à se lancer dans l’aventure furent les membres du Komsomol et, en particulier, celui de Moscou. En effet, les cotisations, première source de revenu du Komsomol, avaient diminué de façon dramatique et les dirigeants cherchaient désespérément une nouvelle source de revenus. Ce sont donc eux, avec leurs aînés au sein du parti communiste qui se lancèrent les premiers. Le jeune Mikhaïl Khodorkovski leur emboîte le pas avec leur bénédiction et leur protection. Il a également la fougue de la jeunesse alors que les membres plus âgés du Komsomol pensent que cette expérience sera de courte durée et que l’état reprendra le contrôle des nouvelles sociétés privées, tôt ou tard.
Sa première entreprise est un café étudiant, mais, de son propre aveu, l’opération a été mal montée et le café périclite faute de clients. L’emplacement a été mal choisi. Il décide donc de se lancer dans un autre domaine où sa formation et ses relations peuvent lui servir plus directement. Il crée alors la « Fondation pour l’Initiative des Jeunes » et s’adresse à un institut de recherche prestigieux, « l’Institut des Hautes Températures » dont le directeur lui sera d’une aide précieuse au départ. L’idée telle qu’il la lui présente, est de sous-traiter des projets scientifiques limités qui seraient menés par de jeunes diplômés travaillant pour le « club de jeunes » de Mikhaïl Khodorkovski.
Mais il ne lui explique pas la suite de l’opération. Cette suite, qui est le véritable objectif de la Fondation, est de tirer partie du double marché du rouble en Urss. Il existait, à l’époque, deux types de monnaie : l’une, fiduciaire, constituée des roubles papier en circulation servait essentiellement aux entreprises à payer les salaires. L’autre, monnaie purement scripturale, ou unité de compte, servait à équilibrer les comptes des entreprises lors des échanges en nature dont le solde n’était jamais nul. Les subventions de l’état se faisaient sous forme de rouble scriptural qui « circulait » en grande quantité dans les comptes des sociétés soviétiques. Les entreprises ne pouvaient pas transformer le rouble scriptural en rouble papier, les deux types de monnaie étaient contrôlés par la banque centrale. En conséquence, le rouble fiduciaire avait une valeur beaucoup plus élevée que le rouble scriptural.
Mikhaïl Khodorkovski, lui, a trouvé le moyen de faire le change d’une monnaie vers l’autre, dans le sens scriptural vers fiduciaire, évidemment. Cette possibilité lui vient de ses nombreux soutiens aux plus hauts niveaux de la hiérarchie du parti et du Komsomol. Une telle autorisation vaut de l’or et il sait se montrer reconnaissant envers ses protecteurs. Sa force vient à la fois de ses relations, de la sympathie qu’il suscite auprès des responsables plus âgés que lui et, bien entendu aussi, de « son sens du partage ».
Il peut, dès lors, facturer les services de sa « Fondation pour l’Initiative des Jeunes » en roubles scripturaux, ce que les directeurs d’entreprises apprécient car ils en ont en grande quantité et ne savent pas toujours à quoi les employer. Mikhaïl Khodorkovski les transforme ensuite en roubles fiduciaires au taux nominal. Au début, les études facturées sont réellement réalisées, puis elles sont copiées sur des travaux scientifiques portant sur des sujets approchant et parfois, aucune étude n’est produite. A quoi bon s’attacher à un tel « formalisme » quand tout part à vau l’eau et que personne ne se soucie plus de contrôler quoi que ce soit. Une partie des montants facturés revient évidemment au directeur qui a commandé l’étude.
Assez rapidement, Mikhaïl Khodorkovski améliore considérablement le rendement de l’opération en changeant immédiatement ces roubles en dollars américains. Là encore, ses relations lui servent pour effectuer l’opération de change qui, à l’époque était illégale. Il ne fallait pas être un brillant trader pour faire des bénéfices dans ce genre de transaction, le cours du rouble étant solidement installé dans une tendance baissière.
Parallèlement à cela, c’est effectivement un jeune hyperactif, il importe différents biens de consommation, et, en particulier des ordinateurs. A cette époque en Russie, il manquait beaucoup de biens de consommation et le simple fait d’être capable d’aller les acheter à l’étranger et de les importer vous garantissait un bénéfice proche de cent pour cent, net d’impôts, évidemment. Il fallait bien sûr une mise de fonds de départ car en Europe, pas un vendeur n’aurait accepté de charger le moindre camion sans avoir vu la couleur de l’argent destiné à payer la marchandise.
Mikhaïl Khodorkovski a cette mise de fonds initiale, provenant de ses autres affaires. Mais les opérations d’importation sont tellement bénéficiaires qu’il décide d’augmenter substantiellement les volumes. Pour cela, il lui faut des concours bancaires.
Il va donc à la banque centrale, présenté par un « ami », pour demander à ce que sa société bénéficie d’un prêt, ce à quoi on lui répond que la banque centrale ne prête d’argent qu’aux banques. Que faire ? Et bien créer une banque, bien sûr. (à suivre)


[1] Le Nouvel Observateur[1], le 28.09.2011.
[2] Le Nouvel Observateur le 24.10.2012 à propos du documentaire du réalisateur allemand Cyril Tuschi sur “l’Affaire Khodorkovski”.
[3] idem
[4] Le Monde, 11.12.2015 à propos du mandant d’arrêt.

jeudi 10 décembre 2015

Le FMI, arme de guerre américaine


Le vice président américain Joe Biden était à Kiev en début de semaine. Son discours à la Rada, le parlement ukrainien avait les allures pathétiques, d’un grand papa déconnecté des réalités qui continue à acheter l’amour de ses petits enfants avec des cadeaux. Quel genre de respect peuvent avoir les enfants ? D’autant que les cadeaux continuent à arriver sous forme de financements divers qui permettent de poursuivre la guerre  que Kiev mène contre les Ukrainiens du Donbass, et de créditer les comptes des oligarques et hauts fonctionnaires locaux.
Dans son article sur le voyage du vice président américain, le « New York Times » explique quel silence a accueilli les recommandations américaines de maîtriser les finances de l’état et de lutter contre la corruption alors qu’une salve d’applaudissements a salué sa déclaration à propos de la Russie qui a « violé la souveraineté de l’Ukraine[1] » accompagnée d’une promesse « les Etats-Unis ne reconnaitront jamais l’annexion de la Crimée », du Petro Poroshenko pur jus !
Histoire de bien enfoncer le clou, il a suggéré que les sanctions ne devraient pas être levées mais au contraire accentuées si la Russie ne tient pas ses engagements en particulier si elle ne retire pas les huit mille soldats et les tanks qu’elle a déployé dans le Donbass, un « déploiement fantôme » que les Etats-Unis n’ont jamais pu prouver, évidemment. Quant aux accords de Minsk, Biden en inverse certains paragraphes pour montrer que la Russie ne les respecte pas. Dans l’ordre qu’il expose, c’est exact, mais dans les accords, il est prévu que l’Ukraine retrouvera la maîtrise de sa frontière avec la Russie APRES la tenue d’élections démocratiques dans le Donbass, et non avant. On remarquera en passant que le côté ukrainien de cette frontière est tenu par les Ukrainiens du Donbass et non par la Russie.
Donc, le message délivré par Joe Biden était, en gros « il faudrait dépenser moins, mettre de l’ordre dans l’administration et lutter contre la corruptions, mais si vous ne le faites pas, nous continuerons tout de même à vous envoyer de l’argent » !
On comprend évidemment la position du gouvernement américain qui, après avoir dépensé cinq milliards de dollars pour « favoriser la démocratie en Ukraine » selon une déclaration publique de Victoria Nuland, avoir fomenté la révolution de Maidan comme l’a expliqué le fondateur de « Stratfor », George Friedman[2], et comme l’a également reconnu Barak Obama, voit la situation s’enliser en Ukraine. L’objectif premier d’entrainer la Russie dans une guerre locale n’a pas été atteint, seul celui d’éloigner la Russie de l’Europe l’a été, mais à quel prix ! Aujourd’hui reste un pays plus qu’à moitié détruit, toujours aux mains d’oligarques et de hauts fonctionnaires corrompus (les personnes ont changé mais pas les méthodes) et qu’il faut coûte que coûte garder à flots, au moins le temps de s’en aller. Mais qui va payer ? L’Union Européenne ne le peut pas et le veut de moins en moins, seule la pression américaine sur Bruxelles oblige l’Europe à maintenir les sanctions contre la Russie. Quant à financer les excès des dirigeants ukrainiens au moment où on doit en plus faire face à une vague d’immigration sans précédents, n’y pensons pas !
Les Etats-Unis ne veulent plus non plus financer directement l’Ukraine. Ils ont même refusé de garantir la dette du pays à la Russie dans le cadre d’une restructuration de cette dette de trois milliards de dollars qui vient à échéance dans dix jours. Il faut dire aussi que quand il s’agit de la Russie, le gouvernement américain réagit « comme un drogué en manque qui ne peut plus penser à autre chose que trouver sa dose[3] ».
Ils ont donc dégainé leur deuxième arme de guerre après l’Otan, à savoir le FMI. C’est lui qui va soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine contre le Donbass (donc, dans l’esprit du gouvernement US, contre la Russie). Problème : l’Ukraine va certainement faire défaut sur le remboursement du prêt de trois milliards de dollars par la Russie et qui vient à échéance ce mois-ci. Le FMI ne peut pas, d’après ses statuts prêter de l’argent à un pays en défaut de paiement. Qu’à cela ne tienne, le 9 décembre, le Conseil Exécutif du FMI décidait de ne pas tenir compte de cette clause, remettant en cause une règle qui avait structuré le système financier international depuis plus de cinquante ans.
Les personnes bien informées savaient depuis longtemps que le FMI était dirigé par les Etats-Unis. C’est en grande partie pour cela que les BRICS ont lancé leur banque en début d’année et que la Chine a créé la Banque Asiatique d’Investissement dans les Infrastructures. Mais jusqu’à présent, le Fonds avait toujours cherché à sauver les apparences. Ce n’est plus le cas. En principe le FMI ne fait pas de prêts aux pays en guerre, on l’a « oublié » dans le cas de l’Ukraine. En principe, on ne fait pas de prêts aux pays qui présentent peu de chance de remboursements (règle instituée en 2001 après les problèmes de l’Argentine), mais au printemps le FMI a débloqué une nouvelle tranche de prêt.
Aujourd’hui, le Fonds se prépare à débloquer une nouvelle tranche et c’est pour cela qu’il a officiellement renoncé à la règle concernant le défaut de paiement. Est-ce parce que le « rating » de l’Ukraine auprès des grandes agences internationales se serait brusquement amélioré ? Selon les dernières évaluations, Standard & Poor’s a donné la note B- (degré le plus bas de la zone  « extrêmement spéculatif »), pour Moodie’s, c’est Caa3 (« état de défaut de paiement avec peu d’espoir de remboursement ») et enfin pour Fitch, c’est RD (« en état de défaut de paiement »). Brillant ! Vous iriez mettre de l’argent dans ces investissements ? Ne craignez rien, le FMI va le faire pour vous (avec l’argent de vos impôts que vos pays européens confient au FMI).
Pourquoi tout cela ? Tout d’abord parce que si le FMI bloquait toute intervention dans le pays, automatiquement, c’est la règle, tous les programmes de crédit avec les organisations financières internationales (Banque mondiale, Banque européenne pour la reconstruction et le développement, gouvernements de l'UE et des Etats-Unis) seraient suspendus.
Les Etats-Unis via le FMI avaient donc le pouvoir d’imposer la paix en Ukraine en refusant de financer la politique belliqueuse de l’Ukraine vis à vis de la Russie via le Donbass. Au lieu de cela, les Etats-Unis ont donc ordonné au FMI de soutenir la politique ukrainienne, sa « kleptocratie », et son mouvement « secteur droit » ouvertement fasciste. La seule condition imposée est la poursuite de l’austérité qui ne fait qu’augmenter les chances de défaut, mais il est vrai qu’au niveau où elles sont déjà… Quant à la corruption et au souffrances de la population… depuis quand le bien-être des populations est-il une variable de l’équation libérale ?
Mais cette décision va aussi bien au delà de tout cela. Elle équivaut à annoncer : « nous n’exigerons plus le remboursement que des sommes dues aux Etats-Unis et à leurs alliés ». En termes plus financiers, cela revient à couper le monde en deux entre, d’un côté la zone dollar plus euro et les devises des pays alliés des Etats-Unis, et de l’autre les BRICS.
Que vont faire ces pays ? Rendez-vous à la prochaine réunion des BRICS, de la « Brics Development Bank » ou de la « Banque Asiatique d’Investissements ».
Stephen Cohen a raison, « des drogués en manque » !


[1] Accusation reprise dans un article de TV5Monde : « Or "les chars et les missiles russes sont toujours dans le Donbass" et les séparatistes sont "toujours dirigés depuis Moscou", a accusé M. Biden. "Les États-Unis ne reconnaissent pas et ne reconnaîtront jamais la tentative de la Russie d'annexer la Crimée", a encore martelé le responsable américain, dont les propos ont été accueillis par une ovation des députés. http://information.tv5monde.com/en-continu/biden-presse-l-ukraine-de-saisir-une-chance-historique-de-se-reformer-73070

[2] Dans un discours devant le “Chicago Council on global affairs”, le 4 février 2015
[3] Expression “empruntée” à Stephen Cohen dans une interview qu’il a donnée à Patrick L. Smith le 17 avril 2015.

jeudi 3 décembre 2015

La Leçon de Vladimir Poutine


Avec résolution, avec obstination et sans  états d'âme inutiles, la Russie trace son sillon au Moyen Orient. Tel un lourd navire à qui il faut du temps pour prendre de la vitesse mais qui s'arrêtera encore plus lentement, la Russie est en train d'imprimer sa marque. Elle impose progressivement sa méthode qui est fondée sur la réflexion, réflexion qui mène aux certitudes qui à leur tour guident l'action. On réfléchit d'abord et on tire ensuite si, et seulement si, c'est nécessaire. Quand on prend le temps de réfléchir, on a le temps de décider où on va et par quel chemin. A partir de ce moment, si on a les moyens de ses objectifs, tout est possible, rien ou presque ne peut vous arrêter.

La Russie de Vladimir Poutine est en train de donner une leçon au monde occidental. A ceux qui en doutent encore, on conseillera de regarder les images de ce qui s'est passé hier au ministère de la défense à Moscou. Tous ces attachés militaires étrangers, invités par le ministère et assis devant plusieurs centaines de journalistes du monde entier, chacun suivant les explications de quelques officiers supérieurs russes sur les opérations en Syrie.

J'y ai vu une leçon à plusieurs niveaux.

Le premier niveau, le plus évident, c'est la démonstration de la collusion de la Turquie, membre de lOtan, avec le terrorisme en général et l'Etat Islamique en particulier. La réaction russe est symptomatique : on ne cherche pas de confrontation avec l'Otan, mais il est impossible de ne pas réagir à cette agression, donc on met en évidence la duplicité d'un pays qui prétend faire partie d'une alliance tout en maintenant des liens forts avec un ennemi déclaré de cette alliance. Ne soyons pas naïfs, les membres de l'Otan, en tout cas les plus importants étaient au courant de ce qui se passait, mais ils pouvaient faire semblant de l'ignorer. Après la leçon dhier, ils ne le peuvent plus et ce d'autant moins que les attentats récents contre la Russie et surtout la France, ont sérieusement fait baisser le niveau de tolérance à ce type de comportements.

Le deuxième niveau, c'est une question posée à l'Otan : voyez-vous quel genre de partenaire vous avez ? Suivie d'une autre question : êtes vous donc en position de nous donner des leçons ? Cela pose le problème de la confiance que la Russie peut avoir en ce genre de coalition. L'attaque de la Turquie a effectivement fait capoter les tentatives de François Hollande en ce qu'elle a mis en évidence le manque de fiabilité de certains pays qui, comme la France, font partie de l'Otan. Espérons (on peut toujours rêver) que la France en profitera pour revoir sa stratégie d'alliances et comprendra que seule la Russie est capable de mener la guerre contre les groupements terroristes du Moyen Orient. Elle le peut non pas grâce à la puissance militaire dont elle a fait la preuve en Syrie, mais parce qu'elle a effectivement les mêmes objectifs que la France, si on excepte la position essentiellement émotionnelle du Quai d'Orsay à propos de Bashar Al-Assad. Elle le peut également parce qu'elle connaît le Moyen Orient mieux que n'importe quel pays occidental et enfin parce qu'elle a des alliés sur place, même si, pour certains, il sagit dalliés de circonstance.

Le troisième niveau, c'est : voyez comment nous réagissons quand on nous agresse. Ce niveau s'adresse plus particulièrement aux dirigeants politiques et aux médias qui ont parlé de risques de guerre généralisée à la suite de la destruction du Sukhoï 24 de l'armée de l'air russe. Nous sommes un peuple responsable, nous réfléchissons d'abord à nos objectifs et à la stratégie à mettre en œuvre. Cette attitude est tellement passée de mode chez nous que les réactions russes en sont devenues difficilement compréhensibles. Prenez l'exemple de la catastrophe aérienne du Sinaï. Non seulement les pays occidentaux sont allés tout de suite à la conclusion de l'attentat, mais quand, après une enquête sérieuse ne laissant aucune hypothèse de côté à priori, la Russie a déclaré qu'il s'agissait bien d'un attentat, on a vu, dans la presse française des titres comme "la Russie admet l'attentat", comme sil y avait quelque chose à « admettre ». J'ai expliqué récemment à un ami français qu'il s'agissait simplement de ne pas se précipiter vers une hypothèse unique qui exclue toutes les autres, pour avoir une enquête objective qui ne passe pas à côté de la vérité. Il n'a pas fait de commentaire car c'est un ami, mais j'ai lu l'incompréhension dans ses yeux. Enfin, heureusement que la Russie n'est pas dirigée par un "clone" de John McCain !

Le quatrième niveau est une démonstration : voyez comment réagissent les pays civilisés, sûr d'eux : nous ne portons pas d'accusations sans preuves. Ce niveau concerne tous les pays qui accusent la Russie de tous les maux sans apporter la preuve de ce qu'ils avancent. La Russie a abattu le vol MH17 ? Où sont les preuves ? Pourtant vous avez des satellites comme les nôtres qui observent la terre et en particulier, en ce moment, l'Ukraine. L'armée russe a envahi les Donbass ? Où sont les preuves ? Pourtant, voyez, on peut photographier des camions depuis l'espace.

Pendant ce temps, l'Otan propose au Monténégro (moins d'un million d'habitants, pas d'armée) de rejoindre le "Club des ennemis de la Russie". On croit rêver. Et, comme on nous prend pour des idiots, on nous explique que c'est la Russie qui a tort de s'inquiéter.

En Syrie, la Russie s'est complètement affranchie de l'influence de l'Otan. La leçon d'hier est là pour le confirmer, si besoin était. Voyez qui sont les membres de votre club. Nous ne parlerons pas des Pays Baltes auxquels vous êtes bien les seuls à accorder de l'importance en croyant qu'ils nous importent. Sur le terrain, après avoir reçu le refus auquel elle s'attendait, la Russie poursuit son plan qui est de détruire les sources de terrorismes quelques soient les noms derrière lesquels elles se cachent, pour ensuite rétablir un état syrien dont les citoyens pourront décider seuls qui doit les gouverner.

Pour cela la Russie n'a besoin de personne, surtout pas d'alliés qui ont des allégeances avec l'ennemi, que ce soit pour des raisons stratégiques, politiques, économiques ou d'intérêts financiers privés.

La Turquie vient de lui fournir une excellente justification au renforcent de ses défenses anti-aériennes. C'est comme cela qu'il faut analyser l'agacement et les critiques plus ou moins voilées des membres du "Club des ennemis de la Russie". Abattre un avion russe ne leur pose pas de problème à priori, mais eux ont compris tout de suite ce que cela allait provoquer. L'installation de missiles S400 et l'arrivée d'un navire spécialisé dans les contre mesures électroniques ont donné à la Russie la possibilité de fermer l'espace aérien syrien à qui elle veut. Elle est maître du jeu.

Nous verrons si elle accepte l'intervention d'avions américains, français ou anglais qui bombardent en dehors de tout cadre juridique international. Je pense qu'elle le fera car elle contrôle maintenant le ciel syrien.