samedi 20 septembre 2014

“Notre capacité à modeler l’opinion du monde”


Cette phrase, tirée du discours du président américain à l’académie de West-Point en mai dernier sonne, au choix, comme un défi cynique ou comme un aveu ingénu. J’y vois plutôt l’affirmation d’une volonté de puissance sans limites et d’une autosatisfaction méprisante.
Quoi qu’il en soit, nous savons que les Etats-Unis ont effectivement ce pouvoir. Il n’est que de lire la presse officielle (presse-système) pour s’en convaincre. Les journalistes, au grand dam de certains d’entre eux, qui s’accrochent à la déontologie de leur métier, sont les complices de cette manipulation à l’échelle du « bassin atlantique ».
Dernier exemple en date, cet article du New York Times à propos d’une éventuelle coopération des services de surveillance américains avec les militaires ukrainiens. Il est question de donner à l’armée ukrainienne des informations lui permettant de localiser et de détruire les « missiles fournis par la Russie ». Il ne fait de doute pour personne, que les combattants du Donbass reçoivent de l’aide du territoire russe. Autant il ne peut s’agir d’une aide directe de l’armée russe en tant que telle, autant un grand nombre de volontaires russes combattent à leurs côtés.
Les troupes du Donbass disposent d’un armement dont ils semblent bien tirer le meilleur. Cet armement selon le New York Times et ses confrères « atlantiques » est russe. On devrait plutôt dire, la plupart du temps, « soviétique ». L’armée de Kiev dispose du même type d’armement datant du temps où elle faisait partie de l’armée soviétique, et dont elle semble faire un moins bon usage. Un très grand nombre d’armes y compris des armes lourdes et des blindés ont été pris par les troupes du Donbass lors des affrontements. Il est donc difficile de « faire un tri » entre ce qui viendrait des armureries et des garages des régiments ukrainiens et ce qui aurait passé la frontière. Les journalistes ne se soucient pas de ces « subtilités » et ne prennent pas la peine d’enquêter. D’ailleurs, à quoi bon enquêter quand il ne s’agit pas d’informer mais de « modeler ».
Ainsi donc, dans l’article mentionné plus haut, on peut lire : « by aggressively helping Ukraine target the missiles Russia has provided. Those missiles have taken down at least five aircraft in the past 10 days, including Malaysia Airlines Flight 17 »  (en aidant agressivement l’Ukraine à cibler les missiles fournis par la Russie, ces missiles qui ont abattu au moins cinq avions dans les derniers dix jours, y compris le vol MH17). Outre le fait que cette catastrophe s’est produite il y a bien plus de dix jours, rien ne prouve ce qu’avancent les deux journalistes.
Mais depuis quelques années, il suffit qu’un mensonge soit répété un nombre suffisant de fois pour qu’il devienne une vérité, n’est-ce pas ? Je laisserai le mot de la fin à Robert Parry, un de ces « journalistes qui s’accrochent à la déontologie de leur métier ». Il écrivait dans un article daté du 27 juillet 2014 : « In this sorry affair, one of the worst offenders of journalistic principles has been the New York Times, generally regarded as America’s premier newspaper. » (Dans cette affaire tragique, un des pires pourfendeurs des principes du journalisme a été le New York Times, habituellement considéré comme le premier journal américain.) J’ai failli écrire le « journal de référence »…  Cela ne vous rappelle rien ni personne ?

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