jeudi 25 juin 2015

Espionnage, vous avez dit espionnage ?


Ainsi donc, nous « révèlent » « Médiapart » et « Libération » les Etats-Unis écoutent la France. Ils écoutent nos présidents depuis de nombreuses années, en fait, ils ont écouté Jacques Chirac, Nicolas Sarkozi et François Hollande. Quelle nouvelle !
Tout le monde sait que depuis bien plus longtemps, les Américains espionnent leurs adversaires comme ceux qui se croient leurs alliés. Le développement des moyens techniques a permis le développement de ces écoutes qui maintenant permettent le stockage d’une quantité d’informations qui dépasse l’entendement, on parle de « yotabites[1] », et dans laquelle on ne peut se retrouver qu’en utilisant des mots clés. Cela dit, quand on écoute un téléphone en particulier, on peut tout analyser.
Mais, à dire vrai, presque tous les pays écoutent tout le monde, la France n’est pas en reste. Au temps de la guerre froide on écoutait les pays du pacte de Varsovie, le grand ennemi. Mais on écoutait aussi ses amis. Il est particulièrement utile, dans une négociation internationale importante de connaître à l’avance la position de l’autre partie.
En résumé, tout le monde écoute tout le monde et tout le monde le sait. Alors pourquoi ces réactions ? Le président et le premier ministre, pour ne citer qu’eux, ont immédiatement empoigné le flambeau de la sécurité et de l’indépendance nationale. Le président a convoqué un Conseil de Défense à la suite duquel il a fait savoir que la France : "ne tolèrerait aucun agissement mettant en cause sa sécurité".
Le ministre des affaires étrangères, ce héros martial a « convoqué » l’ambassadrice des Etats-Unis en France, en voilà du courage ! A sa sortie du quai d’Orsay, Mme Hartley était très souriante. On imagine la terreur que la France et Laurent Fabius lui inspirent ! Pour faire bonne mesure, ce dernier s’est exprimé devant la presse invitée, fait exceptionnel, à cette occasion, reprenant la position exprimée plus tôt par François Hollande.
Que veut donc dire ce cirque ?
L’opération de communication, car ce n’est pas autre chose, a deux cibles. La première, et qui n’est pas en l’occurrence la plus importante, les Etats-Unis : le message est quelque chose comme : « Je peux supporter que vous me méprisiez, moi et le pays que je gouverne, à condition que cela ne se voie pas trop ». La deuxième cible est l’opinion intérieure. A elle on veut dire en substance : « Vous voyez comme je vous défend bien, je ne me laisse pas marcher sur les pieds, même par un pays aussi puissant. Les Etats-Unis ne font pas ce qu’ils veulent en France ».
Réponse de Barak Obama, « on a cessé depuis longtemps d’écouter votre président (donc vous reconnaissez l’avoir fait) et je promets de ne plus le faire ». A Paris, on fait semblant de le croire, trop fort ce président Hollande !
Quand au message à l’opinion publique française, outre le fait qu’il montre à quel point « nous sommes là pour le protéger », ce qui est plus facile, soit dit en passant, que de faire baisser le chômage, il permettra, le moment venu, de faire passer l’accord transatlantique que la Commission Européenne négocie en secret avec les Etats-Unis et qu’il faudra tout de même, enfin on l’espère, faire ratifier par l’Assemblée. « Nous acceptons ce traité, mais, souvenez-vous, nous savons être intraitables quand il le faut vraiment ».
Tout va bien, habitants de la France, dormez tranquille !


[1] Un yottabyte est égal à 1024 bytes. Il n’existe pas, pour l’instant, de mot pour désigner l’unité de rang supérieur.

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