jeudi 7 août 2014

Mes débuts de "journaliste"

Je suis né à Toulouse d'un père français et d'une mère allemande. Quand ils se sont rencontrés, elle poursuivait ses études de philologie en France et lui était un jeune professeur de littérature. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il est devenu auteur à succès, pour une série de romans se passant France et en Italie, pendant la Renaissance. J'avais quatre ans quand ma mère est partie faire un doctorat à Cologne, à la suite de quoi elle a décidé d'enseigner en Allemagne. J'ai donc partagé ma vie entre les deux pays, vivant tantôt avec mon père, tantôt avec ma mère qui, s'entendant toujours fort bien, n'avaient pas jugé bon de divorcer. Nous passions de longues vacances à trois, le plus souvent en montagne.

Une éducation comme celle là m'avait évidemment donné le goût du mouvement et du changement. En première et en terminale, je logeais chez ma tante, rue Ganneron et j'ai passé mon bac à Paris, avant une licence de philosophie. Après la licence, j'ai réalisé que la philo ne me permettrait sans doute pas de satisfaire mon désir de changement et je me suis inscrit à la faculté de journalisme de Lille. Une fois mon diplôme en poche, j'ai rejoint ma mère et j'ai passé un an dans une fac de journalisme en allemagne.

J'ai commencé ma carrière dans un grand quotidien du Nord de la France avant d'être embauché par un quotidien du soir à Paris. Comme je parle couramment quatre langues, j'ai été envoyé à l'étranger. Mais très rapidement j'ai commencé à en avoir  marre de me battre constamment avec un rédacteur en chef qui avait des idées préconçues sur des pays dans lesquels il n'avait même jamais mis les pieds.

En fait, j'ai quitté mon dernier employeur à cause de la Russie. En 93 j'avais été invité à faire des cours à la section française de la fac de journalisme de Moscou.

Je passe donc deux semaines à Moscou en donnant à peu près trois heures de cours par jour ce qui me laissait pas mal de temps libre. C'était l'époque des grands changements, l'ambiance était incroyable, tout semblait possible, il y avait une effervescence inimaginable, il fallait y être pour le croire. Le pays changeait complètement de système, de style de vie, et tout était à créer. C'était parfois un peu violent, mais je n'ai jamais ressenti de danger réel, comme ça m'est arrivé dans d'autres pays. Je n'avais pas du tout envie de partir à la fin de mes cours à la fac, et voilà que le poste de correspondant à Moscou se libère. Je le demande et, à ma grande surprise, le rédacteur en chef accepte tout de suite.

Ma joie n'a été que de courte durée, en fait, ça a été une galère permanente. Le journal avait une vision très négative du pays et la plupart des confrères à la rédaction n'étaient pas sortis de la guerre froide, surtout le rédacteur en chef. Moi, j'envoyais des papiers plutôt optimistes, présentant les choses comme je les voyais sur place. Inutile de dire qu'ils ne passaient pas ou qu'ils étaient abondamment corrigés, ce qui me rendait fou. Cela a duré presque quatre mois pendant lesquels je n'ai presque rien eu de publié. Là dessus, Paris envoie un journaliste pour couvrir un événement important, sans me prévenir. Quand je l'ai appris, j'ai donné ma démission qui a été immédiatement acceptée. Avec le recul, je suis persuadé que l'envoi du collègue parisien n'était qu'une provocation pour me pousser dehors.

J'ai donc décidé de continuer le métier comme journaliste indépendant. Maintenant, avec l'expérience, je sais quel genre de reportage je peux proposer à qui et je n'ai plus de problèmes. En plus comme j'écris aussi bien en français qu'en anglais ou en allemand, j'ai  un grand choix de journaux et de magazines.

Mon premier reportage d'indépendant s'est passé en Afrique. Un magazine anglais m'avait commandé un article sur le développement des forages off-shore en Afrique de l'Ouest. J'y ai passé trois mois. J'ai écrit deux longs articles, mais surtout, j'ai commencé à recueillir les éléments d'un dossier plus important.

Je n'ai pas eu le temps de le finir ni de le publier. Je me suis assez vite rendu-compte que j'étais surveillé, ma chambre a été fouillée à l'hôtel. Quelques personnages importants avaient eu vent de mon enquête et j'ai fini par être arrêté. On m'a questionné pendant trois jours et on m'a mis dehors du pays après, m'avoir confisqué toutes mes affaires et fait comprendre que si je publiais quoi que ce soit, je risquais de gros ennuis.

On a saisi mon ordinateur, mais j'avais pris mes précautions. Quand j'ai commencé à penser que j'étais suivi, j'ai copié toutes les infos sur une clé que je me suis envoyée ici, par la poste. Ceux qui me surveillaient n'ont pas bien fait leur boulot et j'ai eu de la chance que la lettre ne soit pas interceptée. J'ai tous les éléments et je ferai peut-être un long reportage un de ces jours que les Anglais ou les Allemands me prendront sans doute. En France ça m'étonnerait, cela gênerait un peu trop de gens importants. Mais, de toute façon, je dois encore attendre quelques années et le résultat, en attendant, c'est que je ne peux plus mettre les pieds dans au moins deux pays d'Afrique avant longtemps.

Mais le reste du monde est bien assez grand et il s'y passe, malheureusement beaucoup de choses dramatiques sur lesquelles je peux exercer mes talents.

Autant vous prévenir tout de suite, je suis "persona non grata" dans beaucoup de titres de la presse système en Europe et aux Etats Unis, qui n'apprécient pas mon point de vue parfois trop éloigné de la ligne que leur impose leur gouvernement. Je dois aussi avouer qu'il m'arrive de "romancer" un peu certains de mes reportages. Tout n'y est pas toujours réel, mais je suis convaincu que je suis plus près de la vérité que la presse système sus-mentionnée...

Bonne lecture !

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