Jeudi 17 juillet, un
avion de ligne de la Malaisia Airlines, le vol MH17 s’écrase dans l’Est de
Ukraine, dans une zone où les combats avec les séparatistes font rage. Il avait
à son bord 298 passagers et membres d’équipage dont une majorité de Hollandais
et un grand nombre d’Australiens.
Le 18 juillet, la BBC
annonce, sur la foi d’un correspondant à Kiev, que les services de sécurité
ukrainiens ont confisqué les enregistrements des conversations entre les contrôleurs
aériens et l’équipage du Boeing malaisien.
Ce même 18 juillet, le
New York Times, « porte-voix» du gouvernement américain annonce que le
gouvernement des Etats-Unis a conclu que l’avion abattu au dessus de l’Ukraine
l’a été par un missile sol-air de fabrication russe et très probablement fourni
par la Russie aux séparatistes de l’Est de l’Ukraine. Au lendemain de la
catastrophe, et avant toute enquête, le scénario est déjà prêt.
Le 19 juillet, le
gouvernement allemand annonce, dans un communiqué que la chancelière Angela
Merkel et le président russe Vladimir Poutine sont tombés, d'accord cours d'un
entretien téléphonique, pour qu'une enquête internationale et indépendante sous
la direction de l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale ait lieu
pour élucider le crash aérien en Ukraine.
Ce même 19 juillet, le
gouvernement ukrainien annonce qu’il a la preuve que la Russie a fourni le
missile qui a abattu le Boeing. L’annonce est relayée par le New York Times.
Dans une conférence de presse, Vitaly Nayda, directeur des services de sécurité
ukrainien présente une photo du lanceur prise, selon lui, dans une zone
contrôlée par les séparatistes. Il sera rapidement prouvé que la photo a été
prise loin du lieu supposé, dans une zone contrôlée par l’armée ukrainienne. Le
New York Times ne mentionnera pas cette correction, évidemment.
Le 20 juillet, le
secrétaire d’état John Kerry déclare : « Il est clair qu’il s’agit
d’un système (les missiles) qui a été transmis par la Russie aux mains des
séparatistes. Nous savons avec certitude, avec certitude (sic), que les
Ukrainiens n’avaient pas un tel système dans cette région à ce moment, ce qui
désigne clairement les séparatistes ». Et il déclare à peu près la même
chose dans cinq émissions de télévision américaines auxquelles il participe le
même jour. On notera, pour mémoire, comme le fait remarquer le journaliste
américain John Parry, qu’il s’agit du même Kerry qui le 30 août 2013 déclarait
avoir la preuve formelle que le gouvernement syrien était responsable de
l’attaque aux armes chimiques du 21 août. Preuve qui n’a jamais été produite et
qui a même été infirmée plus tard.
Le 21 juillet, le Ministère
de la défense de la Fédération de Russie présente sa version des faits. Et il
ne s'agit pas que d'une version. Cartes satellites à l'appui avec explications
et trajectoires, deux généraux montrent à la presse que l'avion a dévié de
14km de son corridor de vol et lorsqu'il a tenté de le reprendre, il a été
abattu, qu’une batterie BUK est apparue dans la zone proche des combattants,
détectée ensuite côté ukrainien, puis a totalement disparue, qu’un autre avion,
probablement un chasseur SU25 ukrainien, a été détecté à distance de tir de
l'avion de ligne, enfin qu’un satellite américain était orienté sur la zone de
combat juste au moment du tir.
Le 22 juillet, le Conseil
de Sécurité de l’ONU vote, à l’unanimité, la résolution 2166 qui exige la tenue
d'une enquête multilatérale et indépendante sur la tragédie « en
conformité avec les principes qui régissent l'aviation civile
internationale ».
La représentante
permanente des États-Unis à l'ONU Samantha Power déclare que l'avion a
probablement été abattu par un missile de type « sol-air », avant
d’expliquer qui les séparatistes ne disposent pas de ce type d’arme et que l’armée
de Kiev n’a pas mené de tirs de missiles le jour du crash du Boeing 777. Suivez
mon regard…
Ce même 22 juillet, Marie
Harf, porte-parole du département d’état américain admet que les
« preuves » de la responsabilité russe viennent principalement des réseaux
sociaux. Ainsi donc, comme le fait remarquer Daniel McAdams de l’Institut Ron
Paul, « cela veut dire qu’avec un budget vraisemblablement supérieur à 100
milliards de dollars, la communauté du renseignement américaine base des
décisions qui pourraient mener à une guerre nucléaire, sur des Tweets et des
vidéos YouTubes de simple citoyens ! »
Mais un peu plus tard
dans la journée, des représentant des services secrets américains
reconnaissaient qu’ils n’avaient pas de preuve directe de la participation de
la Russie. Robert Parry citait même une de ses sources dans les services de
renseignement américains qui lui a dit qu’une photo en leur possession montrait
une batterie de missiles « BUK » dans la région d’où aurait pu venir
le tir, servie par des militaires en uniforme ukrainien. Le département d’état
devait d’ailleurs modifier ensuite sa position en déclarant que le missile
avait vraisemblablement tiré par un « déserteur » de l’armée
Ukrainienne…
En Ukraine, c’est aussi
le 22 juillet que les séparatistes ont remis le deux boites noire du vol MH17 à
des représentants de la compagnie aérienne. Elles devaient être remises à l'Organisation
de l'Aviation Civile Internationale, mais elles iront finalement en Grande
Bretagne pour y être analysées.
Dans les médias européens
on aura tout lu et tout entendu, jusqu’au quotidien britannique « The Guardian » qui laisse la parole, dans
une tribune à une membre des Pussy Riot qui accuse les médias russes « de
couvrir la complicité de Poutine dans la tragédie MH17 ». On notera au
passage que les médias russes n’ont pas fait preuve non plus de beaucoup de
retenue…
Mais depuis trois
semaines, plus rien à propos des boites noires du vol MH17. Elles sont en
Angleterre, remises par des officiels hollandais qui, eux-mêmes les avaient
reçu de la compagnie malaise à qui les séparatistes ukrainiens les avaient
données le 22 juillet. Les officiels hollandais avaient déclaré qu’elles
étaient un peu abîmées, mais semblaient en bonne état et exploitables.
Beaucoup de commentateurs
avaient fait remarquer que la Grande Bretagne n’était peut-être pas le pays le
plus neutre dans cette affaire. D’autres faisaient valoir que c’était des
scientifiques qui allaient analyser le contenu des boites et que l’on pouvait
faire confiance à leur conscience professionnelle.
Je ne sais quel parti
prendre à ce propos. Ce qui me semble certain, en revanche, c’est qu’au moins
deux pays sont au courant de la vérité sur l’attaque du vol MH17 : les
Etats-Unis et la Russie. L’Ukraine est actuellement surveillée par tout ce que
ces deux pays ont comme moyens surveillance et d’espionnage dans la région. Les
preuves sous forme de photos satellites, enregistrements d’activité radar et
autres, existent. Je soupçonne la France d’être capable d’avoir aussi des
informations à ce propos.
Les Russes ont donné
certaines information précises (mais sans doute pas toutes celles à leur
disposition) et ont posé des questions non moins précises à leur homologues
américains. Ces derniers n’ont pas fourni de réponses à ces questions et aucune
preuve matérielle crédible (autre que les réseaux sociaux) alors qu’ils en ont.
Les services secrets n’aiment pas divulguer d’informations trop précises de
peur de dévoiler par la même occasion la qualité de leurs moyens d’observation.
Il est donc à craindre
que l’on n’en sache pas beaucoup plus sur le MH17 que sur le MH370 qui, lui,
n’a même pas été retrouvé.
Il ne nous reste donc
qu’à chercher à qui profite le crime. La campagne médiatique anti russe qui
s’est déchaînée après l’accident et qui était prévisible, me semble exclure ce
pays de la liste. Les Américains s’ils les détenaient auraient certainement
sauté sur l’occasion trop belle et montré des preuves de la complicité russe,
comme celles utilisées par le ministère russe de la défense. Mais rien, pas de
photos satellite, pas d’enregistrements de la tour de contrôle et maintenant rien
à propos des boîtes noires. Etrange…
Doit-on lier à tout ceci
le fait que l’on ait « démissionné » avant-hier Andriy Paroubiy, secrétaire du Conseil de la sécurité nationale et de la
défense ukrainien et fondateur, avec Oleh Tyahnybok du “Parti
Social-Nationaliste d'Ukraine” ?
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