Stephen F. Cohen est un
universitaire américain, spécialiste de l’Urss puis de la Russie. Il est
l’auteur de nombreux livres sur les relations Etats-Unis / Russie, dont le plus
récent : Failed
Crusade : America and the Tragedy of Post-Communist Russia, Norton, 2001, 320 p. Il
enseigne à l’Université de Princeton. Il est également membre du « Council
on Foreign Relations ». Il a été pendant près de vingt ans commentateur à
CBS News, mais n’est plus très souvent invité dans les médias
« mainstream » aujourd’hui. Vous comprendrez pourquoi en lisant ce
qui suit.
Je reprends ci-dessous une partie (traduite en français par mes soins) d’un article publié sous sa
signature par le magazine américain « The Nation » et je vous engage
à lire l’article lui-même (en anglais) à l’adresse suivante: http://www.thenation.com/article/181399/patriotic-heresy-vs-new-cold-war?page=0,0&utm_source=Sailthru&utm_medium=email&utm_term=email_nation&utm_campaign=Email%20Nation%20%28NEW%29%20-%20Most%20Recent%20Content%20Feed%2020140828&newsletter=email_nation
« Comme le disait feu le sénateur Daniel
Patrick Moynihan, “chacun a droit d’avoir ses opinions propres, mais pas ses
faits propres”. La nouvelle guerre froide repose presque entièrement sur des
opinions fausses. Cinq de ces mensonges sont particulièrement importants,
aujourd’hui.
Mensonge N°1 : Depuis la fin de l’Urss en
1991, Washington a toujours traité la Russie post-communiste avec générosité,
comme un ami et un partenaire, faisant tous ses efforts pour l’aider à devenir
un pays démocratique et prospère, membre du système occidental de sécurité
internationale. Incapable de cela ou ne le voulant pas, la Russie a rejeté
l’altruisme américain, en particulier sous M. Poutine.
Les faits : A partir des années 90 avec
l’administration Clinton, chaque président américain et chaque Congrès a traité
la Russie ex-Soviétique comme un pays vaincu avec des droits inférieurs chez
elle et à l’étranger. L’expansion de l’Otan a été le fer de lance de cette
approche triomphaliste, accompagnée par des « négociations
unilatérales » et maintenant le bouclier anti-missiles dans les zones
traditionnelles de sécurité nationale russes, l’excluant de fait du système de
sécurité européen. Dès le départ, le but ultime était l’Ukraine et, à un degré
moindre, la Géorgie. Un éditorial du « Washington Post » expliquait
en 2004, « L’ouest veut finir le travail commencé avec la chute du Mur de
Berlin et continuer la marche de l’Europe vers l’Est… le premier prix sera
l’Ukraine. » Neuf ans plus tard, en 2013, à la veille de la crise
actuelle, Carl Gersham, le directeur de l’organisation financée par l’Etat
Fédéral, « National Endowment for Democracy » s’en faisait l’écho en
déclarant : « L’Ukraine est le plus grand prix».
Mensonge N°2 : Il existe un « Peuple
ukrainien » qui se languit d’échapper à des siècles d’influence russe et
de rejoindre l’Ouest.
Les faits : Comme le savent toutes les
personnes bien informées, l’Ukraine est un pays divisé depuis longtemps par des
différences ethniques, linguistiques, religieuses, économiques et politiques,
en particulier, mais pas uniquement, les régions de l’Est et de l’Ouest du
pays. Lorsque la crise actuelle a commencé en 2013, l’Ukraine était un Etat,
mais pas un seul peuple, ni une nation unie. Certaines de ces divisions ont été
accentuées depuis 1991 par une élite corrompue, mais la plupart se sont
développées au cours des siècles.
Mensonge N°3 : en novembre 2013, l’Union
Européenne, soutenue par Washington, a offert au président ukrainien M. Viktor
Yanukovych une association bienveillante à la démocratie et à la prospérité
européenne. M. Yanukovych était prêt à signer cet accord, mais M. Poutine l’a
intimidé et acheté pour qu’il rejette cet accord. C’est l’origine des manifestations
de Maïdan et de tout ce qui a suivi.
Les faits : La proposition de l’UE était un
promesse imprudente qui visait à forcer le président élu démocratiquement d’un
pays profondément divisé à choisir entre la Russie et l’Ouest. Le rejet par
l’UE de la proposition de M. Poutine d’un plan russo-américano-européen pour
sauver l’Ukraine de la déroute financière était tout aussi irresponsable. La
proposition européenne n’était pas, en elle-même économiquement réaliste. Elle
exigeait du gouvernement ukrainien de mettre en place des mesures d’austérité
très dures en échange d’une assistance financière modeste, ce qui aurait pour
résultat de couper des relations économiques avec la Russie à la fois anciennes
et essentielles pour le pays. La proposition n’était pas non plus
« innocente », puisqu’elle incluait des articles exigeant que
l’Ukraine adhère à la politique militaire et de sécurité de l’Europe, ce qui
voulait dire, en pratique, mais sans mentionner l’alliance, à l’Otan. En
résumé, ce n’est pas une soit-disant agression de M. Poutine qui a provoqué la
crise actuelle, mais cette sorte « d’agression douce » de Bruxelles
et Washington pour attirer l’Ukraine à l’Ouest, y compris (dans un paragraphe
en petites lettres) dans l’Otan.
Mensonge N°4 : La guerre civile en Ukraine
aujourd’hui a été causée par la réponse agressive de M. Poutine à la
protestation pacifique de Maïdan contre la décision de M. Yanoukovych.
Les faits : En février 2014, la manifestation
de Maïdan, fortement influencée par des extrêmistes nationaliste et même des
forces de rue semi-facistes, est devenue violente. Dans l’espoir d’une solution
pacifique, des ministres des affaires étrangères européens ont négocié un
compromis entre des parlementaires représentant les manifestants de Maïdan et
M. Yanoukovych. Aux termes de cet accord, ce dernier serait resté président,
avec des pouvoirs limités, d’un gouvernement de réconciliation jusqu’à des
élections prévues en décembre de la même année. En quelques heures, la violence
de combattants de rue a fait échouer cet accord. Les dirigeants européens et
Washington n’ont rien fait pour défendre leur propre accord diplomatique. M.
Yanoukovych s’est enfui en Russie. Des partis minoritaires au parlement,
représentant Maïdan et surtout l’Ouest de l’Ukraine, parmi lesquels
« Svaboda », un parti ultra nationaliste qui avait par le passé été stigmatisé
par le parlement européen comme incompatible avec les valeurs européennes, ont
formé un gouvernement. Ils ont également modifié la constitution en leur
faveur. Washington et Bruxelles ont soutenu ce coup d’état et ses conséquences
jusqu’à ce jour. Tout ce qui s’en est suivi, de l’annexion de la Crimée par la
Russie a la propagation de la rébellion dans le sud ouest, à la guerre civile
et à la « campagne anti-terroriste » de Kiev, a été provoqué par le
coup d’état. Les actions de M. Poutine n’ont été que des réactions.
Mensonge N°5 : La seule façon de mettre fin à
la crise est que M. Poutine cesse son « agression » et rappelle ses
agents dans le sud est de l’Ukraine.
Les faits : les causes réelles de la crise
sont les divisions internes de l’Ukraine, et non d’abord les actions de M.
Poutine. Le facteur essentiel de l’escalade de la crise depuis mai est la
campagne militaire « anti terroriste » de Kiev contre ses propres citoyens,
principalement, maintenant, autour de Donetsk et Lougansk. M. Poutine influence
et aide certainement les « défenseurs du Donbass ». Si on considère la pression qui s’exerce sur
lui, à Moscou, il est très vraisemblable qu’il continuera à le faire, et,
peut-être, plus directement, mais il ne les contrôle pas. Si Kiev cesse ses
assauts, il est probable que M. Poutine pourra les contraindre à négocier. Mais
seul l’administration de M. Obama peut contraindre Kiev de cesser, et elle ne
l’a pas fait.
En résumé, vingt ans de la politique américaine
ont mené à cette confrontation fatale entre la Russie et les Etats-Unis. M.
Poutine peut y avoir contribué en passant, mais son rôle durant ses quelques
quatorze ans au pouvoir a presque toujours été réactif, ce que les forces les
plus réactionnaires à Moscou lui reprochent souvent. »
Je ferai deux
commentaires à ce texte (encore une fois je vous engage à aller lire l’article
complet sur le site du magazine « The Nation », www.thenation.com).
Le premier concerne la
capacité de M. Obama à contraindre Kiev. Ce sont effectivement les Etats-Unis
et Bruxelles qui sont à l’origine de la crise. Mais, depuis que les combats se
sont intensifiés dans le sud, depuis que le nombre de morts civils a tellement
augmenté, il semblerait qu’une nouvelle force soit à l’œuvre, derrière le gouvernement
de Kiev. Le comportement de M. Poroshenko à Minsk en est l’illustration. On le
présente souvent (pas dans les médias « mainstream »
évidemment !) comme la marionnette de Washington. Je commence à me
demander s’il n’y a pas un autre « marionnettiste ». M. Kolomoïski,
par exemple. Je reviendrai là dessus dans un prochain article.
Le second concerne
l’objectif souhaitable de sortie de crise. La Russie le demande depuis des
mois, l’Allemagne en a convenu récemment, la seule solution viable qui maintienne l'unité du pays est une
fédéralisation de l’Ukraine. M. Poroshenko a écarté cette solution à Minsk.
Mais les séparatistes du Donbass la rejettent également. Leurs représentants
ont récemment déclaré en conférence de presse qu’il ne voulaient plus
d’autonomie, qu’ils ne voulaient plus de fédéralisation. Ils veulent qu’on les
laisse décider seuls et indépendamment de leur sort. Ils disposent de
ressources suffisantes sur les plans agricoles et industriels, pour former une
entité indépendante.
Quand discute avec des
Ukrainiens, on est frappé par le niveau de haine atteint dans le pays entre les
différentes composantes de la population. Une solution pacifique ne semble pas
proche…
Lu sur internet, pour info (et pour que empêchions cela d’arriver) :
RépondreSupprimer« Le mensonge généralisé est la marque de la fin. La recrudescence est visible partout. »
« Ukraine : Le scandale est l’Europe qui laisse faire, qui appuie Porochenko, le fascisme, les USA. L’attitude de A Merkel ? Elle est à genoux devant les Usa.
Quel est le chantage des USA pour que l’Europe s’écrase ? Les plus ignobles, à commencer par fermer le robinet de toutes les transactions. L’Europe est piégée si elle ne répond pas d’un seul homme aux menaces USA-Israel.
L’OTAN tombera après la guerre et n’aura plus de raison d’être. En attendant il est le bras armé US en Europe contre la Russie mais aussi contre l’Europe. »
« Le problème du gaz en Europe n’est pas réglé et la caution de l’Europe pour l’Ukraine va entraîner une prise en charge de l’Europe sans certitude de recevoir son dû. »
« En attendant la guerre est proche et tous les gouvernements le savent, à commencer par Poutine qui attend la goutte d’eau qui fera déborder le vase. »
Nous sommes dans un vaudeville digne des pires stratèges qui soient. Tout cela était criant de vérité depuis le premier jour.
Si l’Europe reconnait son erreur, elle obéit, quant aux USA-Israel : ils se frottent les mains. L’Europe est à leur merci par le truchement des banques, des actifs et de la pince USA-Israel.
La peur de Daech pour l’Europe ?
« Elle est justifiée. Oui, il y a de nombreuses cellules dormantes nourries de l’insatisfaction des jeunes n’ayant pas d’avenir, pas de vie structurée et laissés à eux-mêmes sans travail.
Voilà où mène le laxisme, la permissivité, le refus de voir la réalité. »
« Oui l’EI progresse, quoi qu’on en dise, et l’effort concerté des Pays n’est qu’un leurre, chacun cherche son intérêt. Ce n’est pas comme cela que l’on combat la pire des calamités. »
Rien n’est stoppé : ni la course aux armements, ni la pollution, ni les guerres. Le mensonge généralisé est la marque de la fin. Se distinguent les hommes qui pensent de ceux qui avalent des couleuvres.
Les hommes qui pensent savent choisir leurs informations et ont une opinion structurée. Ils savent où est la vérité et ont choisi leur camps.
Il n’y a rien à attendre des hommes manipulables, ils sont légions.
Le Renouveau vient de la prise de conscience dans la lutte légitime pour survivre.
Le 29.08.2014
« CDF est ONG politique, éducative, spirituelle et apportant son soutien à L’ONU Genève qui l’a reconnue ONGs cette année 2014. »
Aussi lu sur internet,
John Hagelin, Physicien quantique, le 25 aout dans « stop mensonges » : Une étude scientifique démontre que la méditation transcendantale peut amener la paix mondiale
http://stopmensonges.com/une-etude-scientifique-demontre-que-la-meditation-transcendantale-peut-amener-la-paix-mondiale/